Violence par arme à feu et communautés rurales
Bien que l’on retrouve une plus grande proportion d’armes à feu en régions et dans l’ouest du pays, ce sont dans ces mêmes régions que l’on retrouve des taux plus élevés de décès et de blessures par armes à feu, souvent causés par des carabines et des fusils de chasse.
Dans les provinces de l’Ouest, en régions rurales et dans le nord, où les propriétaires d’armes à feu sont plus nombreux, on observe un taux de décès et de blessures par armes à feu plus élevé.
Les sondages ont démontré que deux tiers des Canadien(ne)s et 74% des Québécois(e)s appuient le registre. Même dans les communautés rurales, le bruyant lobby des armes n’est pas représentatif de tous les habitants des espaces ruraux. Un sondage Leger Marketing a montré que pendant que 59% des propriétaires d’armes à feu s’opposent au registre (alors qu’en fait 36% sont en sa faveur), 47% des gens qui vivent avec des propriétaires d’armes à feu sont en sa faveur (contre 36% s’y opposant).
Dans les provinces de l’Ouest et les régions rurales, où les propriétaires d’armes à feu sont plus nombreux, on observe un taux de décès et de blessures par armes à feu plus élevé. Par exemple, les provinces de l’Ouest affichent des pourcentages de possession d’armes à feu plus élevés et, du même coup, elles ont des taux de décès par armes à feu supérieurs au taux national moyen – entre 2004 et 2008, le taux moyen de décès par armes à feu au pays était de 2,31 pour 100 000 habitants, alors que le Manitoba enregistrait 3,26 décès pour 100 000, la Saskatchewan, 3,39 décès pour 100 000 et l’Alberta, 3,28 décès pour 100 000.
C’est dans le nord du Canada que le nombre de décès par armes à feu est le plus élevé : 4,3 au Yukon, 5,5 dans les Territoires du Nord-Ouest et 16,9 au Nunavut. Les territoires du Nord ont également des taux plus élevés de possession d’armes à feu et des taux beaucoup plus élevés d’incidents liés aux armes à feu déclarés par les policiers : voici un classement des cinq divisions de recensement où l’on retrouve le plus d’infractions par armes à feu par habitant sur un intervalle de deux ans, et comment elles se classent par rapport aux régions métropolitaines et certaines régions du Québec.
Rang canadien et taux d’incidents par armes à feu déclarés (2007-2008)
1. 654 par 100 000 – Churchill et Nord du Manitoba, Région du Nord, MB
2. 637 par 100 000 – La Ronge, SK
3. 418 par 100 000 – Virden et environs, Région de Westman, MB
4. 317 par 100 000 – Swan River, Région de Parkland, MB
5. 312 par 100 000 – Thompson et Centre-Nord, Région du Nord, MB
21. 194 par 100 000 – La Tuque, Qc
67. 112 par 100 000 – Montréal, QC
71. 109 par 100 000 – Toronto, ON
89. 95 par 100 000 – Grand Vancouver, BC
132. 73 par 100 000 – Laval, Qc
156. 67 par 100 000 – Longueuil, Qc
270. 16 par 100 000 – Québec, Qc
En 2008, la GRC des régions rurales de l’Alberta a remarqué une augmentation du nombre d’appels relatifs à des armes à feu. Dans cette province, 68% des suicides par armes à feu sont commis dans une région rurale.
Une étude canadienne réalisée au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard sur la violence familiale en milieu rural a révélé que deux tiers des femmes disent qu’il y a des armes à feu à la maison et que, de ce fait, elles sentent leur sécurité et leur bien-être menacés. Cette étude a également révélé qu’il existe une corrélation entre la peur des femmes victimes de violence conjugale et la présence d’armes à feu au domicile surtout si les propriétaires n’ont pas de permis, si les armes à feu sont chargées en tout temps et si elles ne sont pas entreposées de façon sécuritaire. Lors de la Journée Internationale pour l’Élimination de la Violence contre les Femmes de 2010, 37 des femmes qui ont fait appel aux services dispensés par les maisons d’hébergement de l’Alberta ont rapporté qu’elles avaient été menacées avec une arme à feu. Le Alberta Centre for Injury Control & Research a écrit que « Nous savons que les femmes victimes de violence conjugale sont davantage exposées aux risques d’être blessées ou tuées par leur conjoint avec des armes d’épaule. Pouvoir protéger les femmes d’un potentiel homicide conjugal représente un avantage crucial du registre des armes d’épaule. » [notre traduction]